catalogue – Accrochage de l’exposition – Œuvres exposées du 26/05/2011 au 9/07/2011
Le diaporama des œuvres exposées est en reconstruction,
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En 1842 Manet n’a que dix ans, et Stendhal meurt. L’un regardait l’Italie, l’autre regardera l’Espagne.
Benjamin emprunte à ces deux artistes les noms de leur héros, leurs formes et leurs figures.
Depuis toujours Benjamin a eu à cœur de dénicher ses titres dans le passé orné de la mémoire, et de raviver les ombres et les lumières des Watteau, Goya et autre Rosalba Carriera …
Mais de Stendhal, il ne prend pas que les noms, mais aussi la méthode. En rédigeant ses Chroniques Italiennes, Stendhal – tout autant qu’aujourd’hui Benjamin le fait – fabulait. Mensonges construits et inventions font plus qu’aucune autre tentative pour capter le réel, puisqu’avec une force qui n’a pas d’équivalent, il nous le restitue : voilà ce qu’est une œuvre.
Autre emprunt – le signe plus que l’image – Le joueur de fifre – participe de ce même mouvement. Le tableau de Manet est refusé au Salon de 1866, ce qui outrage son ami Zola : « Je ne crois pas qu’il soit possible d’obtenir un effet plus puissant avec des moyens moins compliqués»…
Chez Stendhal comme chez Manet, l’amour des femmes rivalise avec un immesurable recourt au réel; cette « âpre vérité» proclamée par Stendhal. Mais aujourd’hui où serait cette « vérité », tandis que l’art se construit sur la confusion des images et des notoriétés, et établit ses valeur hors de l’esthétique en subissant l’étalon de l’argent ? Mais où donc, au chevet de l’artiste est cette « âpre vérité » ? Dans le temps du travail, dans le métier sans cesse réinventé des matières, en restant ferme sur le chemin de sa propre mythologie… Depuis toujours Benjamin ne regarde qu’à travers le prisme des œuvres des musées, esquissant des fables dont les héros font les grands faits de l’art. Ce sont ceux qu’il considère comme ses paires et qui, méprisant les malentendus de la gloire, ont voulu capter le monde non pas dans ses poussières, mais dans ses lumières, s’éblouir et arrêter le temps des choses. Et c’est ce à quoi nous invite les tableaux de Benjamin tant ils nous retiennent dans la contemplation.
Mais il faudrait plus de lignes pour dire et comprendre comment Benjamin lance aussi loin que jamais ce qui est un témoignage d’un temps présent, mais qui exige de chacun qui voudrait le partager, cette discipline qui consisterait à voir les yeux clos ; laisser agir seulement pour ce qu’ils sont les taches les traits, les collage, les signes et les griffures. Voir les yeux clos, c’est abstraire et refuser le monde des image et ses valeurs, penser l’espace comme un envoûtement, n’en trouver parti que d’être par lui saisi comme de « sens froid » et se retrouver alors comme à l’infinitif de soi-même.
Alin Avila