Jean-Pierre LE BOUL’CH (1940 – 2001)
oeuvres exposées du 14/09/2019 au 02/11/2019
Le Boul’ch centre son travail sur la lecture du corps. Images fantômes pour fantasme d’images, superbes, envoûtantes, les formes naissent et se succèdent devant l’oeil ravi qui se perd dans leur lecture. A la recherche d’un sens il divague d’une perception à l’autre, d’une impression à l’autre, transformé en voyageur, impliqué qu’il est dans le plus intime de lui même par ce qu’il devine et imagine.
Dans un abandon total à cette vision intérieure, Le Boul’ch se dirige à tâtons vers les royaumes cachés du subconscient, royaumes qu’il fait connaître au spectateur en des graphismes hallucinés
Il crée parfois un effet kaléidoscopique, rythmiquement contrôlé qui suggère le mouvement dans l’espace et le temps. Un espace – regard occupé entièrement par la soudaine apparition de l’être nu. Il emploie deux méthodes : ou bien il présente simultanément les diverses phases d’un mouvement, comme une série d’instantanés superposés, ou bien, alternativement, les mouvements des personnages et de leur milieu peuvent être amenés à s’interpénétrer.
Parfois nés du vide du pochoir, les corps chavirent, se déclinent. Ils gardent une complicité avec l’évanescent, une furtive connivence avec la vacuité. Ils sont traces qui semblent hésiter entre l’apparition et la disparition. Ils se rangent, s’ordonnent comme pour une revue, revue dérisoire de corps humains nus, corps unique, d’homme de femme, corps – couple. Ils constituent des horizontales juxtaposées en un ordonnancement obsessionnel. Ils créent une procession, un cortège d’êtres dépouillés.
Mais pour Le Boul’ch le sujet n’est pas autre chose qu’un prétexte qui lui permet d’exprimer son émotion profonde. La ferme construction de ses tableaux est la marque de sa sensibilité poétique. Ses oeuvres sont pleines de douleur, de tendresse et d’intensité. Elles sont l’expression d’un combat sans cesse répété vers un chemin de liberté. Elles sont une interrogation existentielle et métaphysique.
Anne Marie Pallade – Lisbonne, 1994